Tu ne tairas point

Sally, Floue, Frost. Deux sœurs et un frère victimes d’inceste au sein d’un cocon familial qui n’a pourtant pas l’apparence de la barbarie. Comment dire l’horreur ?

Comment se construire avec cette histoire, quand le poids de la parole engage et détermine la suite de la vie ?

Dans cette traversée sur plusieurs années, il sera aussi question d’amour, de solidarité, de sépulture d’abeilles, d’alcool fort, d’un canard placide, d’une envahissante suicidée, et de l’invention de sa singularité pour sortir de la nuit et mieux habiter le monde.

Parler pour nommer le réel, afin de ne jamais consentir à ce qui nous abîme.

Stéphanie Marchais est autrice dramatique française et a publié de nombreuses pièces de théâtre. « Tu ne tairas point », un de ses récents textes, est lauréat de l’aide à la création ARTCENA 2024.

 

 

Œdipe à la montagne

« Œdipe à la montagne » n’est ni une tragédie, ni une comédie, mais pourtant un peu les deux. 
C’est une station intermédiaire, comme ces lieux où l’on vient méditer sans savoir si l’on en repartira. 
Trois frères s’y retrouvent, face au spectre de leur mère en fin de vie, à leur passé, à eux-mêmes. Comme souvent, ils parlent beaucoup pour ne rien décider.
L’humour, ici, est une politesse face au vide ; l’âcreté, un aveu d’amour mal formulé. Quant au mythe d’Œdipe, il plane à basse altitude, transformé : plus personne ne tue son père, mais tout le monde tergiverse devant une mère qui ne demande qu’à disparaître.
Cette pièce interroge la mémoire, la vieillesse, les liens familiaux, avec cette question simple, à laquelle personne ne veut répondre : qui va s’en occuper ?
Les personnages n’ont pas de fiche signalétique. Pas de liste au début. Pas de description. 
C’est une pièce qui préfère les faire apparaître autrement : par ce qu’ils disent, par ce qu’ils taisent, par les maladresses et les glissements du dialogue. On les devine, on les reconnaît peu à peu – comme dans la vie, où les rôles ne sont jamais clairs au premier regard.


Antoine Barret est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre. Il a écrit « Œdipe à la montagne » comme on rédige une lettre qu’on n’osera jamais poster. Aux siens, à lui-même peut-être.